Sophie Monneret interwievée par France Antilles
La guerre est ouverte contre le surpoids et l’obésité
En Guadeloupe, le surpoids et l’obésité sont un véritable problème de santé publique. Si l’Agence régionale de santé (ARS) en a fait l’une de ses priorités, de multiples initiatives fleurissent ici ou là pour lutter contre ce fléau. Parmi elles, le programme Feel SO’Light, une nouvelle approche pour perdre du poids.
Vendredi 4 Mars 2016
En Guadeloupe, une personne sur deux est trop forte et une sur quatre est obèse. C’est deux fois plus que dans l’Hexagone. Les chiffres sont en effet alarmants : 54,6 % de la population est en surpoids, dont 22,9 % en situation d’obésité (16 % dans l’Hexagone). Chez les enfants, 16 % sont en surpoids (soit près de deuxenfantssurdix),et7,2% sontobèses, contre 3 % dans l’Hexagone (1). C’est dire l’ampleur du combat à mener, d’autant que cette prévalence n’est pas sans consé- quences sur la santé en termes notamment de diabète, d’hypertension artérielle et de maladies cardiovasculaires. Aussi, pour faire face à ce qui est devenu un véritable problème de santé publique, l’Agence régionale de santé (ARS) a fait de la lutte contre le surpoids et l’obésité une priorité. Des programmes de prévention sont mis en place un peu partout, notamment dès le plus jeune âge dans un souci d’efficience.
DES ACTIONS DE PRÉVENTION MULTIPLES
Parmi la pléthore d’initiatives, le programme nutrition-santé Écoles Caramboles créé pour prévenir le surpoids et l’obésité et ciblant les élèves de maternelle, des écoles élémentaires et du collège ; le projet « One life… Ok ? » porté par la Mutualité française et co-piloté par l’Agence régionale de santé, dont le but est de sensibiliser les étudiants de l’université, de BTS et des classes prépara- toires sur les problématiques de santé dont la nutrition ; le dispositif Jénès en santé du club Rotaract de Pointe-à-Pitre qui vise à suivre, avec l’aide de spécialistes (diététicien, médecin, etc.), des lycéens obèses ; le projet du Réseau Grandir (action contre l’obésité et le surpoids chez l’enfant) qui par la formation de professionnels de la petite enfance sur les problématiques de l’alimentation de l’enfant, permet d’apporter une information pertinente à l’ensemble des parents ; ou encore le partenariat entre le CNFPT (Centre national de la fonction publique ter- ritoriale) et l’Ireps (Instance régionale d’éducation et de prévention de la santé) visant à sensibiliser les jeunes. Sans oublier les multiples conférences, colloques et villages santé qui portent sur l’obésité, le surpoids et l’alimentation. Si la majeure partie des projets de prévention et de sensibilisation concerne les jeunes, il est également nécessaire de ne pas négliger les adultes. Les femmes tout particulièrement qui, en tant que mères et potomitan, peuvent être les actrices primordiales d’une alimentation saine et équilibrée. En mettant sur pied son programme Feel SO’Light, Sophie Monneret a pensé à elles.
Emmanuelle LERONDEAU (1) Sources : enquête Podium, réalisée en 2007 par l’as- sociation Agrum (Action du groupe de recherche ultramari- ne) qui regroupe des experts professionnels de santé des quatre Dom ainsi que de la Polynésie et de la Nouvelle- Calédonie.
Feel SO’Light : une autre façon d’aborder son problème de poids
« Et si vous abordiez votre problème de poids autrement ! » C’est ce que pro- pose Sophie Monneret, médecin à l’origine du lancement, en 2015 en Guadeloupe, du programme Feel SO’light. Ce programme visant à accompagner les femmes souffrant de surpoids ou d’obésité, a ceci d’innovant qu’il combine principes élémentaires de nutrition et développement person- nel. Cette approche globale a en effet l’avantage de reconnecter le corps à l’esprit afin de modifier la perception qu’on peut avoir de soi-même et qui peut constituer une entrave dans la perte de poids. « S’accepter avec bienveillan- ce telle qu’on est, peut nous aider à évoluer positivement, à améliorer la qualité de son alimentation. Et la qualité de notre alimentation et de nos pensées est directement liée à notre capacité à améliorer notre vie », explique Sophie Monneret.
NOS PENSÉES GUIDENT NOS CHOIX ALIMENTAIRES
Son expérience en tant que médecin a été le déclencheur de la mise sur pied de ce programme, suivi désormais par une centaine de Guadeloupéennes. Il se décline en différents ateliers collectifs qui vont de la « découverte » à une « remise à neuf » consistants à 9 rendez-vous sur 9 mois pour « une re-naissance ». Deux nouveaux ateliers vont voir le jour cette année. L’un, intensif, sur 5 jours en immersion totale. L’autre réservé aux adolescentes de 14 à 17 ans qui mangent n’importe comment, grossissent et ne le supportent pas. Mais quelle que soit la formule choisie, l’objectif est le même : aider les personnes à prendre conscience de leur potentiel pour enclencher un processus durable de perte de poids, tout en parvenant à développer un épanouissement personnel. Dans le même registre, Sophie Monneret va animer une série de conférences sur le thème de la nutrition. L’occasion de démasquer les fausses croyances sur l’impact néfaste de certains aliments sur le poids et la santé mais aussi de démontrer que nos pensées guident nos choix et nos comportements alimentaires. E.L. Site internet : http://www.feel-so- light.com Page Facebook : Feel SO’light.
TROIS QUESTIONS A SOPHIE MONNERET, médecin
« Avant tout s’aimer soi-même »
Comment vous est venue l’idée de mettre sur pied ce programme particulier ?
Médecin depuis 20 ans, j’ai choisi une spécialité où la souffrance et l’inacceptable sont mon quotidien. Le développement personnel m’a apporté beaucoup de réponses et m’a permis de faire face, de remettre en question les choses et d’aborder la vie autrement. En médecine, on se spécialise sur un organe et on en perd complètement l’approche globale de la personne, la puissance de la pensée sur le corps. À travers ce programme, je veux redonner sa place à la pensée, faire prendre conscience que nous avons un pouvoir sur notre santé.
De quelle façon avons-nous ce pouvoir ?
Notre santé va dépendre essentiellement de ce qu’on mange, de notre environnement, de notre capacité à gérer le stress, à être heureux, à être en activité physique. Donc nous sommes en capacité de prendre notre santé en main en prenant conscience que ce que nous pensons a aussi un effet sur notre corps. Ce programme est fait dans ce sens. Il est destiné aux femmes car elles restent un pilier incontournable si nous souhaitons améliorer le comportement alimentaire de toute une famille.
Quels en sont les effets ?
Les outils en développement personnel que j’ai découverts sont extrêmement puissants et simples et permettent à la personne de se responsabiliser dans sa vie. L’objectif est vraiment d’aborder le problème du poids autrement, avec beaucoup de bienveillance, et d’aider la femme à faire tout ce cheminement pour être soi-même et s’accepter comme elle est, s’accepter avec ses kilos en trop pour pouvoir ensuite mettre en place ce qui est important pour elle et va permettre la transformation extérieure. Donc ça commence vraiment de l’intérieur pour arriver à une transformation extérieure. C’est avant tout s’aimer soi-même pour pouvoir être la meilleure version de soi-même.
DOSSIER Murielle : « J’ai vu du changement dans ma vie personnelle »
« Je suis venue chercher une façon de perdre du poids. Pour avoir fait des régimes yoyo en quantité, je voulais trouver une nouvelle méthode. Mais j’ai trouvé dans ce programme, bien plus que ce que j’étais venue chercher. J’ai vu du changement dans ma vie personnelle et professionnelle, et les gens ont vu du changement chez moi sans savoir à quoi c’était dû. C’est surtout le travail sur soi et sur le développement personnel qui m’a beaucoup apporté. Chaque atelier est un apprentissage nouveau et un partage. On est une dizaine de femmes et on se rend compte qu’on n’est pas la seule à vivre tout ça. Ce n’est pas seulement quelque chose de théorique, il y a quelque chose de purement émotionnel. »